Une corde tendue à 5 m de hauteur entre deux arbres. Au centre, une chrysalide en film alimentaire y est suspendue sur la longueur. Translucide par endroit, tantôt opaque, l'enveloppe de la chrysalide laisse entrevoir derrière ses multiples couches, une forme humaine. On devine un corps nu, allongé sur le dos. Il est immobile et le restera pendant plusieurs heures en attendant sa mutation. Au fil de la performance, le cocon s'affaisse imperceptiblement attiré par le sol. Les changements de lumière révèlent de nouvelles partie du corps tout en en cachant d'autres. On perçoit sa respiration. Le public déambule autour de cette structure, il s'approche, touche parfois le film alimentaire, se questionne sur l'existence de cet homme ; est-il mort ? Certains individus essaient d'attirer son attention par des gestes et des comportements parfois quelques peu agressifs. Un homme tente de brûler le plastique avec sa cigarette.
Ce tableau archétypal et mythique rappelle le mouvement du Land art dès années 60-70 ainsi que la sculpture minimale de l'informe oscillant entre une intégration biologique dans la nature environnante et une greffe industrielle. Après plusieurs heures d'immobilité, le cocon se met à trembler. Telle une prédatrice, une femme escalade un des arbres avant de se coucher sur la corde raide et tendue. Elle rampe en direction de l'enveloppe plastique qu'elle commence petit à petit à déchirer à l'aide de ses dents. Toute la structure tremble et se tend.
Tout en tentant de maintenir son équilibre, la femme pénètre dans la chrysalide par le trou qu'elle y a percé. Elle s'allonge sur le corps déjà présent et s'immobilise. Dès lors, un nouveau tableau est proposé. Une femme habillée sur un homme nu, la femme enlaçant l'homme fermement. Un sentiment fusionnel et charnel se dégage, remplaçant les images méditatives, mortuaires et de transmutation. Après de longues minutes d'immobilité dans cette pose sensuelle, la femme commence à mouvoir ses membres et à déchirer l'enveloppe avec des gestes de plus en plus denses. Les deux corps glissent et s'extirpent de cette masse plastique dans un mouvement de nativité.
Texte: Anne Rochat
Création et performance: Anne Rochat et Yann Marussich
Durée: 4h (modulable)
Administration / Diffusion: Perceuse productions Scènes / Thuy-San Dinh
Production / Communication: Perceuse productions Scènes / Julie Semoroz
Dates passées: | |||
12.05.2012 - 17h | COCOON | () | |
02.07.2011 | COCOON | () | |
29.06.2011 | COCOON | Lausanne (Switzerland) |